Aphrodisia, la nouvelle pièce de Christophe Pellet, la dix-septième si je compte bien, est un chef-d’œuvre. Une très grande pièce sur le désir, la réalité qui s’effrite, le temps qui passe, la disparition, la mort, la puissance de l’amour et ses métamorphoses.
Jean-Pierre Thibaudat, Médiapart, 11 février 2017. Critique à la parution du livre
Aphrodisia est la dix-septième pièce de Christophe Pellet, qui a paru chez L’Arche en janvier 2017. L’auteur y déploie ses questionnements sur l’amour, le couple, la sexualité dans une époque hyper connectée. À l’instar de Sade qui plaçait dans le sexe une forme de combat et de révolution, Christophe Pellet se demande comment la relation amoureuse est une forme de lutte politique, avant toute sentimentalité, avant tout bien-être, avant tout romantisme, une relation qui permet d’affronter le quotidien et plus généralement l’état d’esprit oppressif de la société, son hégémonie politique, sans utopie, sans élévation.
Construite sous forme de trilogie, la pièce s’ouvre par la rencontre de Nimrod et de Kléa qui vont avoir un enfant, dans l’ère de la promiscuité et du tout fonctionnel où le monde du travail écrase l’individu. À l’ère des colocations et des open space, Nimrod meurt d’un trop plein de promiscuité. Cette première partie met en scène aussi le personnage de Yo, un petit elf qui taraude Nimrod et le pousse à être différent. Personnage très libre, sexuée, elle est le visage d’Aphrodite au début de la pièce mais, bientôt vidée de son énergie céleste, elle perd ses repères, son corps devient lisse, manufacturé, pour bientôt s’effacer…
L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté. Texte finaliste du Grand prix de littérature dramatique 2018.